Comme je suis dans ma période moins j’en fais mieux je me porte. J’ai opté pour une glace aux trois ingrédients, inratable, car même pas la peine de battre la crème en chantilly.  C’est la recette simplifiée du kulfi et non pas la traditionnelle obtenue à partir d’un lait parfumé aux graines de cardamone qu’on laisse réduire longuement et qu’on présente sous forme de cône (moule que je n’ai pas d’ailleurs).

Quand j’étais jeune j’avais une amie indienne, Jyoti, nous avons été inséparables, du CP au  bac. Tous les deux ans pendant les grandes vacances, elle rentrait chez elle à Bombay.  Après l’obtention de son diplôme, la pression familiale pour la marier, s’était accentuée. Elle avait fait durant la dernière année d’études trois voyages-prétendants en Inde, et à chaque fois sa famille sur place sélectionnait pour elle des postulants qui pouvaient correspondre à son rang social, son niveau d’études, sa taille etc…  A chacun de ses départs, je la voyais s’envoler avec une boule au ventre, celle de ne plus la revoir, bientôt.

J’étais souvent fourrée chez elle, où il régnait un fouillis joyeux. Au début on me posait la question : « tu restes pour déjeuner ? » puis un jour, la question ne m’a plus été posée et mon assiette était mise d’office. J’étais chez moi. J’adorai le Kulfi, glace à la pistache que nous concoctait Damini, sa mère et dont l’odeur embaumait la maison durant sa cuisson. Bref la vie étant ce qu’elle est elle,  Jyoti a fait HEC et puis au troisième voyage prétendants a trouvé chaussure à son pied, a changé de pays, de prénom (coutume indienne) et est devenue femme au foyer. Depuis merci à Skype qui a réduit les km qui nous séparent.